Le télétravail un levier de transformation à saisir
Publié le dimanche 17 mai 2020 Consulter tous les articles
Le confinement imposé par l’agression de l’humanité par le COVID-19 aura révélé toute l’étendue du télétravail dans ses avantages et ses bienfaits comme dans les attentions qu’il appelle. Et encore, nous ne prenons que très progressivement la vraie dimension de ce qui se cache derrière ce vocable qui défiait le droit social, le management et l’organisation des entreprises avant cette crise.
Espoir, attente ou même revendication pour certains, il représentait la fin du calvaire des embouteillages, la possibilité d’une nouvelle vie chez soi, d’un nouvel équilibre entre vie personnelle et professionnelle, la fuite des open-spaces trop bruyants et impersonnels, la possibilité de s’éloigner d’un management trop pesant et autoritaire, d’une hiérarchie limitante, une façon de se protéger des autres, la volonté de conquérir son autonomie, sa liberté individuelle…
Crainte, méfiance ou scepticisme pour d’autres qui n’y voyaient que l’expression de l’individualisme, d’un repli sur soi, la volonté de se “planquer”, la perte de productivité, des inégalités se creuser entre ceux qui pouvaient y prétendre et les autres, la dilution de l’esprit collectif, l’absence d’un sens et d’une culture commune, une démobilisation des troupes, une difficulté supplémentaire pour manager, former, piloter ou contrôler…
Pour beaucoup, c’était un saut dans le vide peu imaginable tant il bouleversait ses propres habitudes et percutait les conformismes.
Le télétravail dans la vie d’avant était clivant au point que le législateur a fini par fixer dans le marbre de nouvelles règles qui n’ont fait qu’exacerber les confrontations et creuser le fossé entre les partisans et les réfractaires.
L’élan écologique et environnemental l’ont, un moment, ravivé pour tenter de juguler la saturation des transports en commun et des infrastructures routières. Parfois pour réfléchir aux espaces ruraux, à l’urbanisme et à la concentration des activités dans des métropoles obligées de se “verticaliser”.
Le télétravail peinait à se déployer. Tout résistait, parfois par un fil. Il se limitait à quelques tentatives. La peur du changement probablement mais pas seulement. Il questionne l’organisation du travail, les espaces de travail, les modes de fonctionnement, la gouvernance des entreprises, les relations sociales, la psychologie de l’isolement, la sociologie, l’organisation de la société, l’esprit collectif, l’efficacité collective, la productivité, la sécurité des données, la capacité de communiquer et d’accéder aux données, le contrôle, le reporting…
Le télétravail est, en réalité, un levier de transformation profonde, un véritable bouleversement culturel multidimensionnel, une grande ambition sociétale trop mal appréhendée jusque là. Il est le reflet de cette réduction des choses à sa plus simple signification caricaturale, de ce cloisonnement ou de cette classification systémique qui empêchent d’adopter une approche holiste et de se départir des conformismes structurants. Il est devenu un sujet de social-politique.
Le télétravail s’impose aujourd’hui sous la contrainte pour une raison de santé et de sécurité, que personne n’imaginait. Dès lors, tous ceux qui étaient éligibles l’ont mis en pratique dans des conditions plus ou moins simples selon le degré de préparation des organisations tant sur le plan technologique qu’organisationnel. De toute évidence, sans avoir à oser, nous avons fait une expérience exceptionnelle à grande échelle en un temps record et des conditions inimaginables.
Il y a là bien des enseignements sur nous-mêmes, les relations aux autres, notre société, l’entreprise, la politique, notre relation au monde, à la nature… Avons-nous acquis toute la connaissance et élevé notre conscience au niveau des enjeux que tout cela représente ?
Les conseils et les meilleures pratiques se multiplient sur tous les réseaux. La politique après l’avoir rendu obligatoire, par nécessité, serait tenté d’y ajouter un cadre pour satisfaire de nouvelles revendications de toutes les formes syndicales dont l’objectif paraît maintenant bien désuet. L’appel à un dialogue social pour uniformiser et imposer… Faut-il aujourd’hui que nous osions ouvrir les yeux pour sortir des conformismes et des systèmes passés et assumer nos responsabilités ?
Le télétravail, c’est un changement de paradigme qui oblige à une quête de maturité et de confiance. La maturité pour la responsabilité, la solidarité et la réciprocité. La confiance aux autres et à la technologie. A n’en pas douter, le sujet est compliqué, le défi est important, le temps est contraint mais l’opportunité est exceptionnelle pour activer un nouveau modèle socio-économique. C’est une porte qui s’ouvre vers de nouveaux codes et modèles d’organisations créateurs de valeurs sociales et environnementales.
Alors, du télétravail contraint passons à l’entreprise à mission sociale et environnementale télé-étendue dans des tiers lieux de proximité, d’inspiration, de rassemblement et de soutien répartis dans le territoire et dans les lieux de résidence personnels. Inscrivons cette entreprise dans l’abolition des frontières organisationnelles et territoriales pour favoriser l’intelligence collective et la synergie des talents, dans le remplacement des systèmes hiérarchiques par un mode de gouvernance plus participative, concertante et réapprenons à bien vivre et agir ensemble.
Questionnons :
L’humain et le sens de la vie
Le fondement des organisations
La gouvernance des entreprises
Les modes de management
L’organisation et la valeur du travail
Les espaces, les lieux et le poste de travail
Les relations sociales et le modèle social
La mobilité et la relocalisation
L’économie de la création de valeur et le modèle économique
La télé coopération
La cyber sécurité
…
Ne négligeons pas la force de l’interdépendance et sa faiblesse… Apprenons de cette crise ce que nous avons ignoré des autres.
Aurons-nous la force de l’audace et de la persévérance ? Pourrons-nous transfigurer et dépasser les pouvoirs empêchants, les systèmes sclérosants, les habitudes de chacun et la vanité de quelques-uns ? Pourrons-nous gagner cette liberté de choisir, à l’aune du monde d’avant et de notre vécu, le monde d’après ? Saurons-nous nous interroger pour trouver une nouvelle résonance avec soi, les autres et le monde ?
Nous pouvons réunir les conditions à l’émergence du nouveau paradigme. Accordons-nous une seconde vie pour donner un nouvel essor à notre société et la rendre plus agile, plus humaine, plus respectueuse de la nature.
Bien des dirigeants et responsables d’organisation, des politiques, devraient se saisir du sujet pour accompagner leurs collaborateurs et les citoyens vers le monde d’après.
Les citoyens également pourraient s’emparer du sujet et voir dans ce contexte la possibilité de choisir d’agir et de vivre autrement. Cela demande une acculturation particulière pour appréhender la transformation dans son ensemble et éviter tout repli sur soi et intérêt strictement particulier. Au final, cela ne tient qu’à chacun de nous.
Un monde où la technologie est omniprésente. Il est un fait qu’elle rend possible ce qui ne l’était pas sans. Rapprocher ceux qui sont à distance et les appuyer dans leur coopération. Aucun doute, la technologie est là, elle fonctionne. Les outils de visio-conférence se sont démocratisés à la vitesse de l’éclair avec de nouveaux entrants (Zoom, Cisco Teams, Microsoft Teams, Google meet...) pendant que d’autres continuaient à s’imposer (WhatsApp, Telegram, Citadelle, Slack, Trello…). Le cloud s’impose avec les applications en mode SAAS qui facilitent le travail à distance multiplateforme (Office365,SharePoint, Google Office…) et les VPN qui sécurisent les accès réseaux.
À n’en pas douter, l’équipement et le bon usage des nouvelles technologies sont indispensables pour télétravailler. Ce qui en fait un enjeu sociétal de plus : veiller à la bonne irrigation du territoire pour les infrastructures et au bon niveau d’équipement des citoyens.
L’apprentissage de la télé-coopération est une clé de réussite. Il est un domaine où nous balbutions encore nos gammes, il s’agit de la coopération à distance. Car si les téléconférences audio et/ou vidéo sont finalement un excellent moyen d’entretenir et de mener les conversations informelles, elles n’emportent pas suffisamment la force de l’intelligence collective qui exige plus de profondeur de réflexion, de la créativité, du questionnement et un minimum de préparation et de structuration.
Nous l’avons constaté grâce à la visioconférence en télétravail, les “rencontres” sont plus nombreuses, plus intenses et plus étendues. Nous parlons avec beaucoup plus de monde grâce au temps gagné sur les déplacements et la facilité d’organisation et de mises en relation, faisant tomber au passage quelques barrières dans la verticalité des organisations et dans les frontières qui les séparent.
Toutefois, formaliser une idée, la partager pour contribuer activement à une concertation demande un effort particulier auquel la plupart des citoyens ne sont pas préparés. Se saisir d’un sujet, s’informer et oser échanger ses convictions n’est pas un processus inné qu’il s’agisse d’un sujet de société ou d’organisation. L’effort de “concernement” et de mobilisation est une difficulté que nous devons dépasser en temps normal et qui, avec le télétravail, doit retenir une attention particulière. Ne négligeons pas la force de l’interdépendance. Ne laissons pas l’isolement s’installer autour de nous.
Toutes les populations sont concernées, au premier rang desquelles les managers et les responsables d’organisation qui devront faire évoluer leur référentiel managérial et instaurer un nouveau leadership pour fédérer et animer des équipes ou même créer de nouvelles relations avec leurs clients, leurs fournisseurs ou leurs partenaires. Ce qui pourrait paraître trivial pour certains, en particulier pour ceux qui travaillent déjà avec des équipes éloignées, ne l’est pas. Pour différentes raisons, nous n’utilisons pas l’intelligence collective à sa pleine mesure. Alors, le changement induit par le télétravail peut assurément être un moyen de l’activer pour contribuer à l’émergence d’une nouvelle organisation du travail.
Comme nous comprenons que la relation sociale ne peut se défaire du présentiel, dans la conduite de débats constructifs, nous devons comprendre que l’intelligence collective a besoin d’être inspirée, animée et soutenue.
La mise en place d’une plate-forme collaborative de concertation vient compléter avantageusement les outils de communication pour organiser, structurer, animer et concrétiser les échanges en intelligence collective. Mais contrairement à des outils de visioconférence, cette plate-forme nécessite un temps d’apprentissage dans lequel les organisations doivent investir pour espérer transformer l’essai. Cela étant, le pas technologique à faire est bien moins exigeant que ce que nous avons su faire pour nous adapter au confinement mais il est lié à notre volonté. Ces plateformes de coopération existent pour l’animation de réunions (AppY pack…), pour la concertation, la co-construction, l’innovation (Colidée…) et pour la gestion de projets (Tamplo…). Nous devons les déployer et apprendre à en faire bon usage pour renforcer notre positionnement dans le monde d’aujourd’hui et demain.
La vocation de cet édito est de sensibiliser et d’attirer l’attention sur l’enjeu, la force cachée et la formidable opportunité que représente le télétravail comme levier pour changer de paradigme.
Nous pouvons emprunter le chemin de la réussite pour une transformation réelle en activant ce levier et aller dans le sens d’une société apprenante et d’entreprises à mission sociale et environnementale télé-étendue pour le bénéfice de la société tout entière.
ETHICS Group est une entreprise à mission sociale et environnementale dont la raison d’être, inscrite dans ses statuts, est d’accompagner la transformation des organisations et du territoire. Sa gouvernance concertante (sans hiérarchie), son expérience du télétravail et sa vocation pour inspirer, rassembler et soutenir tous ceux qui parient sur l’intelligence collective et sur la bienveillance des Hommes pour un changement de paradigme montrent toute sa singularité inspiratrice.
ETHICS Group a crée une synergie de talents avec La Fabrique ETHICS, a publié les fondamentaux de “La Bonne Compagnie”, l’entreprise agile et performante où il fait bon vivre, inventé la transformation concertée, créé le chemin de la réussite pour oser, agir et vivre l’impermanence, développé la plateforme de concertation et de coopération Colidée, bâti le tiers-lieu de transformation des organisations et du territoire L’ETHICS Village…
Avec la force de son histoire, de sa culture, de la synergie de ses talents et de ses outils digitaux, ETHICS Group est prêt à accompagner, en responsabilité et réciprocité, toutes les entreprises ancrées dans leur territoire qui souhaitent se préparer pour incarner et appréhender un nouveau modèle économique et social.
La réussite est dans les mains de chacun. Ne tardons pas, unissons nos forces, le temps nous est compté parce que demain se gagne aujourd’hui.
Restons connectés par les idées et vivons en “réseaunance”.