Le vendredi 11 septembre 2020 se tenait à l’ETHICS Village la deuxième rencontre autour de la question des Tiers lieux rassemblant une nouvelle fois certains des acteurs du tissu économique Toulousain.
Partant de la première concertation de juillet dernier, l’idée était cette fois-ci pour l’ensemble des participants de se projeter concrètement dans l’action et d’envisager collectivement la suite pour les mois à venir.
Collectivités, acteurs de la filière aéronautique, spécialistes de l’aménagement des espaces et spécialistes de la transformation des organisations, se sont donc penchés sur différents thèmes pour construire, faire grandir et évoluer les ambitions de chacun face à la question des tiers-lieux de collaboration et d‘inspiration de demain.
Qu’envisage-t-on à l’intérieur d’un Tiers lieu ?
Pour se projeter sur l’intérêt d’un tiers-lieu, les participants ont, dans un premier temps, axé leurs échanges sur les usages. Par sa configuration et son animation, ce lieu doit permettre à ses usagers de pouvoir collaborer à plusieurs. Ce lieu offrira ainsi un cadre propice à la co-construction. D’autre part, le tiers-lieu permettra également de se retrouver dans un espace calme, propice à la concentration afin de réaliser des productions de fond. Le tiers-lieu devra alors permettre de se retrouver dans des espaces sécurisés afin de préserver la confidentialité des sujets. Enfin, il laissera place aux moments de convivialité (espaces de pause, de restauration, etc.) permettant à ses usagers d’entretenir des liens sociaux, dans une dynamique d’ouverture aux autres.
On pense également à des rituels déjà en place dans certaines organisations qui, en se déroulant dans un nouvel environnement collaboratif, pourraient trouver un nouveau sens et une nouvelle dynamique d’engagement des collaborateurs autour de projets communs. Pour se faire on attend forcément de ce nouvel environnement qu’il dispose d’espaces modulables, transformables pour une organisation flexible et agile.
La digitalisation et la mise en place de moyens techniques adaptés à une nouvelle façon de collaborer semblent également indispensables dans la vision que l’on a du tiers-lieu de demain. Il s’agit a minima de disposer d’une connectivité de qualité pour permettre à chacun de disposer d’un environnement de travail optimum. Mais plus encore, gommer au maximum les frontières avec l’extérieur et construire un environnement qui soutiendrait l’innovation technologique, apparaissent alors comme des points importants dans les réflexions que l’on doit mener sur les mois à venir.
Afin de bénéficier pleinement de la valeur ajoutée d’un tiers-lieu, celui-ci accueillera une richesse de profils, d’horizons professionnels variés, ouvrant ainsi des opportunités de synergies potentielles et de nouvelles sources d’inspiration pour les usagers.
C’est enfin la question de la mobilité qui conditionne le prisme sous lequel on envisage la création d’un nouvel environnement professionnel. En effet, ce dernier doit permettre, dans son positionnement géographique sur la carte, de fluidifier les déplacements de ses usagers et d’encourager au maximum l’utilisation de modes de déplacements doux (covoiturage, usage de vélos électriques, …).
Ainsi quelle localisation doit-on privilégier pour la création de Tiers-Lieux ?
La question de la location des tiers-lieux a amené les participants à s’interroger sur les modes de vie de demain. Ainsi, pour définir les emplacements d’un réseau de tiers-lieux, il s’agirait dans un premier temps de réaliser une concertation avec ses futurs usagers pour connaitre leurs souhaits de modes de vie futurs. La localisation serait alors une réponse pour rendre possibles l’évolution de nos modes de vie.
De même que les fonctionnalités du tiers-lieu, la localisation est perçue par les participants comme un sujet à aborder en fonction des usages des espaces. Vient-on pour produire ou pour se rassembler et collaborer ? Pour exemple, des tiers-lieux facilitant la production devraient se situer en proximité proche du domicile de ses usagers. Des tiers-lieux utilisés pour se retrouver et collaborer pourraient être plus éloignés du domicile, afin de couvrir l’ensemble du territoire de façon équilibrée.
Il apparait donc important de penser à un maillage du territoire plus adapté aux attentes des usagers en redynamisant parfois certaines zones, peut-être plus en extérieur de la première couronne toulousaine, désengorgeant ainsi le trafic et permettant à certains de se regrouper plus facilement sans la barrière d'un déplacement trop long. Le tiers-lieu serait en outre un levier d’attractivité pour redynamiser des centres-villes parfois désertés par ses habitants dont les activités professionnelles se situent dans d’autres bassins.
Enfin, afin de permettre au plus grand nombre de trouver entière satisfaction dans l’usage de ces nouveaux espaces collaboratifs, il convient d’envisager l’agrégation de certains services au sein du Tiers lieu. Les crèches par exemple pourraient constituer un point d’attractivité supplémentaire pour les usagers mais également un moyen d’amortir la location des espaces et partageant les frais avec plusieurs structures.
Quel modèle économique envisage-t-on pour le Tiers lieu de demain ?
La question du modèle économique revêt de multiples aspects. Dans un premier temps, les participants se sont interrogés sur la contribution des entreprises bénéficiaires de l’usage d’un tiers-lieu. Plusieurs propositions ont émergé : coût à l’usage, abonnement, jusqu’à imaginer des solutions impliquant directement le collaborateur usager, avec l’exemple notamment de ticket tiers-lieu (tel que les tickets restaurant que nous connaissons aujourd’hui). Pour analyser la capacité des entreprises à financer l’usage de tels lieux, il est nécessaire de se questionner sur les gains que cela engendrerait pour elles. Les participants ont tout d’abord évoqué les gains de coûts en infrastructures. Puis ils ont échangé sur les gains de productivité soulignant le gain de temps immédiat sur une journée de travail, le niveau de motivation en particulier renforcé par le meilleur équilibre de vie des collaborateurs, la réduction de l’absentéisme, etc. De plus, ces solutions permettent une ouverture vers d’autres entreprises et publics multipliant les opportunités de développement.
Au-delà des entreprises, les participants ont évoqué d’autres sources de revenus potentielles. Couplé à l’usage professionnel, le tiers-lieu pourrait proposer d’autres services qui représenteraient de nouvelles sources de financement : restauration, crèche, etc. Le tiers-lieu pourrait également accueillir des événements. Dans ce schéma de redynamisation des centres-villes, les locaux du tiers-lieu pourraient être mis à disposition des collectivités, un moyen de valoriser un patrimoine existant (par exemple une ancienne gare).
Les prochaines étapes
Afin d’envisager la concrétisation d’un premier réseau de tiers-lieux, il semble pertinent d’approfondir le débat sur la mutation de nos modes de vie. Les participants ont donc envisagé de poursuivre les réflexions avec un panel représentatif des futurs usagers des tiers-lieux en réunissant, dans les prochaines semaines, un échantillonnage de la population dans le secteur aéronautique par exemple, très présent sur la région toulousaine. L’objectif serait alors de questionner ce public sur les modes de vie futurs auxquels ils aspirent, fournissant ainsi des informations clés qui préfigureront des futurs besoins de localisation des potentiels tiers-lieux de demain.
Pour aller plus loin dans la mise en œuvre concrète du travail à distance partagé entre trois lieux, à savoir les bureaux de l’entreprise, les tiers-lieux et le domicile, les participants ont échangé sur l’idée de lancer une expérimentation sur une population donnée sur la fin de l’année. Celle-ci nous permettrait de lancer le mouvement, observer, analyser les besoins pour définir par la pratique les besoins du futur modèle des tiers-lieux et alimenter ainsi un cahier des charges pour un déploiement plus global en 2021.
Véritable levier de changement profond pour nos organisations et plus largement notre société, la réussite des tiers-lieux de demain reposera en particulier sur leur animation. Plus qu’un simple lieu de travail, la dynamique des tiers-lieux bouleversera en profondeur nos relations, nos déplacements, nos modes de vie, … afin de répondre à la volonté de mieux vivre ensemble. L’enjeu est fort, le sujet nécessite d’être abordé dans une approche globale et continue.